Jan Nieuwenhuys Peintre Artiste Cobra

Je peins comme je ris

Le peintre Néerlandais Jan Nieuwenhuijs est certainement  le plus mystérieux des artistes du Mouvement CoBrA. Il fut l’un des premiers fondateurs actifs du groupe « Experimentele groep » (les Expérimentalistes Néerlandais), qui devint plus tard une partie du mouvement Cobra. Sur ce site, nous voulons présenter la spécificité de son travail, sa vie et le milieu dans lequel il a vécu et travaillé.

Jan in his artelier around 1955

Jan a vécu et travaillé toute sa vie à Amsterdam de 1922 jusqu’à sa mort en 1986.

Vers l’âge de 14 ans, lui et son frère aîné Constant, décident de devenir peintres. De 1938 à 1941, Jan étudie à la «Rijksnormaalschool» d’Amsterdam, puis, pendant la guerre, il suit les cours de la «Rijksacademie» d’Amsterdam. C’est là qu’il rencontre Karel Appel et Corneille.

Pendant la guerre, Jan peint essentiellement des clowns, des nus, et des couples faisant l’amour. Après la guerre, il commence à peindre des animaux imaginaires et agressifs: coqs, chats, ou taureaux.

Jan et son frère Constant eurent bon nombre de discussions et controverses au sujet des peintures de Jan. Durant la guerre, Constant peint essentiellement des scènes religieuses (Piétas, portraits de la Vierge, ou natures mortes), et trouve trop « légers » les sujets qui intéressent Jan.

En 1948, Appel, Elburg, Kouwenaar, Wolvekamp, Corneille, Constant, Brands, Rooskens et Jan Nieuwenhuijs fondent le «experimentele groep» (Groupe Expérimental), qui devint, quelques mois plus tard le groupe Européen CoBrA. À cette époque, Jan est influencé par les rêves, les dessins d’enfants, les arts primitifs, les travaux artistiques des handicapés mentaux. Les animaux, comme les oiseaux, les chats, jouent un rôle majeur dans la plupart de ses œuvres, ainsi que les créatures fantastiques, combinaison d’éléments mécaniques, animaliers ou humains. Beaucoup de ces créatures se balancent sur une corde, ou arborent des bateaux comme chapeaux.

Jan est vite déçu par les membres du mouvement CoBrA, car certains d’entre eux sont plus intéressés par la notoriété, que par l’idée même d’activisme. Il ne supporte pas les conflits qui ont lieu entre les membres du groupe, qu’il quitte courant 1949. Certains membres du mouvement firent de même, mais rejoignirent de nouveau le groupe, pour la grande exposition du Stedelijk Museum.

En 1964, il dit dans une interview: « Le groupe n’a pas été fondé dans l’idée d’exposer, mais pour rester un groupe d’activistes. Nous voulions faire cet effort, nous battre contre la mollesse dans l’art, et utiliser notre imagination pour changer cela. Je constate avec regret, que beaucoup des ces «expérimentalistes» aient aujourd’hui fait le choix de l’esthétisme. Tout ce qui devient officiel, tue le combattant. Je trouve que le travail de certains d’entre eux aujourd’hui, est devenu très soporifique. »

Jan continue donc son propre chemin, et se concentre uniquement sur son propre travail. Ses peintures deviennent de plus en plus libres, il expérimente différents matériaux, comme la peinture fluo, et tout ce qui se trouve à portée de main. Tout peut devenir « peinture ».

Dans un entretien de 1964, il dit : « Je commence avec mes matériaux et mes couleurs. C’est avec cela que je m’exprime. Des matériaux, j’en arrive au sujet, et c’est peut-être contraire à ce que les peintres ont fait ces dernières années. Je peins, comme j’écris, comme je ris. C’est pourquoi ma peinture change tout le temps, au gré de mon humeur. C’est ainsi que je le ressens.En tant que peintre, je n’ai pas envie de peindre d’une façon particulière. Je ne suis pas « abstrait », pas vraiment « non-figuratif ».

J’essaye d’être expressif, et j’utilise pour cela certaines images. Aujourd’hui, je suis en Chine, demain à Paris, après-demain encore ailleurs. Nous sommes confrontés chaque jour à ce qui se passe dans le monde. Nous vivons dans un endroit précis, mais nous appartenons au monde. C’est peut-être pour cela que nous devenons tellement durs et ignorants, nous sommes confrontés à tant de choses. La faim, la guerre… Tout cela perd son sens profond.

Issu du même entretien: « J’aimerais que lorsque les gens verront mon travail dans les années futures, ils y voient le reflet du XXè siècle. L’artiste doit revêtir le temps de son costume. Et peu importe qu’il soit architecte, poète ou peintre. Dans la peinture abstraite, il manque la pulsation de notre temps, sa brutalité. Nous, les gens d’aujourd’hui, nous vivons avec la crainte de la bombe atomique. Les « abstraits » construisent juste un monde superficiel pour vous. »


Comments are closed.